15thAvr

15 avril

Bye Longyearbyen

Le dernier blog. Le dernier petit déjeuner à Coal Miners’. Les dernières photos.  La dernière vérification des valises. Les dernières recommandations. Ce dimanche 14 avril est la soirée des dernières fois. C’est une fin… et un début. On se regarde, on est silencieux. On éprouve probablement tous le même sentiment partagé d’accomplissement et de tristesse. Il est minuit, le ciel est lasuré de rayons de soleil. Dans deux jours, le soleil ne se couchera plus dans l’Arctique. Le bus vient nous chercher pour nous conduire à l’aéroport.

A travers les vitres du bus, les montagnes du Svalbard, devenues familières depuis 10 jours, nous apparaissent comme pour la première fois ce dernier soir. Nos pensées ouvrent des albums photos de glaciers, de banquise, de sommets enneigés, et projettent des films des activités du séjour, de l’expédition, de l’équipe, des rencontres. Ils se superposent, défilent au ralenti et en accéléré et commencent à former un tourbillon de souvenirs.

C’est le début d’une autre histoire. Elle va s’écrire dans les semaines, les mois à venir. Chacun puisera l’inspiration et l’énergie dans cette expérience hors du commun pour agir pour le climat.

Mission accomplie. L’école joue un de ses rôles principaux dans ce projet d’éducation à la citoyenneté. Well done, François.

Claire-Hélène BON

The Dream Assistant

 

Sur le chemin du retour je livre à chaud quelques réflexions sur cette seconde expérience vécue au Svalbard.

Le plus marquant est certainement l’extraordinaire atmosphère de ce lieu : Une lumière incroyable, une météo imprévisible et extrême, une toute puissance de la topographie.  Même encadré et protégé par ses prothèses technologiques l’être humain y est tout petit, vulnérable. Au Svalbard c’est le règne absolu de la Nature.

Rares sont maintenant les endroits sur terre où l’être humain n’a pas structuré, quadrillé et colonisé, l’évidence de cette situation s’offre à moi par le hublot de cet avion.

Le second élément frappant est la vitesse à laquelle le changement climatique impacte le Svalbard. A notre arrivée la température était un peu élevée pour la saison, autour de -10°C / -12°C mais les températures à notre départ étaient anormalement hautes, autour de 0°C. Bien plus élevées que l’an dernier et bien au-dessus des moyennes enregistrées les années précédentes par la station météo de Longyearbyen. Une des causes de cette situation plus rapide au Nord de la planète est la fonte accélérée de la banquise, celle-ci était effectivement plus en retrait devant Longyearbyen. Autre signe, comme pour marquer notre départ ce matin, la route empruntée par le bus a été bloquée par une avalanche, tombée dans la nuit aux heures les plus froides…

D’autres signes inquiétants nous ont montré la réalité du changement climatique. Sur le bateau le guide nous a fait une petite présentation géopolitique du Svalbard qui nous a très vite confirmée que la réalité économique est jusqu’à maintenant, et pour l’avenir, la seule qui s’impose en arctique. Les russes, les chinois, les américains et d’autres grandes puissances déploient actuellement d’énormes moyens stratégiques pour s’approprier ces nouvelles routes prometteuses d’un commerce extrêmement lucratif. Le guide évoquait une visite la semaine dernière de quelques « observateurs » venus de Singapour. Pourquoi Singapour ? La réponse est simple : le Svalbard est en passe de devenir le nœud du commerce maritime mondial au détriment de Singapour ….

Nous avons également été surpris par la quantité de touristes et de moyens mis en place pour développer un tourisme bien loin du respect de l’environnement. Les norvégiens semblent jouer la fable de la poule aux œufs d’or.

Ma dernière réflexion pose la question de savoir quelle est la réelle portée de ce voyage au Svalbard avec les élèves, est-ce cette année encore un investissement judicieux ?

J’avoue avoir un doute.

La nécessité d’informer et d’éduquer la jeunesse au changement climatique est indéniable.

Ces derniers mois l’information a souvent braqué ses projecteurs sur ce sujet (notamment avec le mouvement initié par Greta Thunberg ) et je me demande si l’excès de visibilité ne crée pas parfois, notamment pour cette cause, une dimension « marketing »,. La prise en main du changement climatique par la jeunesse ne serait-elle pas devenue un phénomène à la mode. L’engagement dans cette cause ne serait-il pas un « produit » de consommation ?

 

J’ai été surpris par la vitesse à laquelle les élèves reprenaient leur téléphone en main au moindre instant vacant et par l’assiduité qu’ils pouvaient avoir à fixer les écrans. Cette remarque est devenue banale, digne d’un vieux prof ronchon, mais j’assume de dire que je trouve cette attitude extrêmement troublante lorsque que l’on se trouve dans un environnement comme le Svalbard et au contact de personnes assez rares.

Cyril Dion nous l’a expliqué lors de sa venue, difficile pour le hamster d’arrêter de faire tourner sa roue.

Difficile de sortir de sa zone de confort comme nous l’a expliqué Heidi.

Difficile pour un adolescent de mettre à profit la liberté qui lui est offerte autrement qu’à jouer.

J’avais encore, il y a peu la conviction de répondre à cette équation du GIEC qui affirme qu’un euro    investi aujourd’hui permettra 7 euros d’économie à l’horizon 2030 sur les conséquences du changement climatique ; je ne suis pas certain d’y avoir répondu cette année. Ce qui est évident, c’est qu’il est primordial d’éduquer, de sensibiliser, de commencer tôt cet apprentissage, le changement climatique est un support transversal idéal pour inciter à explorer les pistes d’évasions de la roue du hamster.

 

Ces instants passés ont été d’une extrême richesse. Merci de tout cœur à Claire-Hélène the Dream Assistant, à Heidi the Arctic Star et à Nicolas the Steven Spitzberg pour leur aide, leur soutien et leur patience, ce formidable esprit d’équipe a permis une fois encore de passer 10 jours exceptionnels à la latitude 78° Nord.

François

The Bear’s Brother

DCN deuxième Edition touche à sa fin. De bien des façons, cette aventure a été très différente de l’année dernière. Nous nous sommes retrouvés plongés dans un été Arctique en début du mois d’Avril. « The new normal » nous a heurté de plein fouet, 10 à 12 degrés de plus que les moyennes enregistrées entre les années 1960 et 1990. La nature n’en demeure pas moins majestueuse, les glaciers somptueux, le vent dominant, le silence assourdissant.

Mais les cracks se font sentir. Que ce soit dans les bâtiments de Longyearbyen à cause de la fonte du permafrost. Dans la banquise se délitant rapidement autour d’Esmarkbreen sur le chemin de Barentsburg. Ou encore dans la perspective de voir cet environnement s’affranchir du changement climatique une fois pour toute.

Malgré tout l’espoir demeure. C’est bien à ces jeunes générations qu’il faut s’adresser, j’en suis convaincue, tout comme le sont les autres scientifiques que nous avons pu rencontrer. Le danger serait de s’avouer vaincus et de ne rien faire. Au contraire, c’est maintenant que nous avons besoin de nous retrousser les manches, tous ensemble. C’est maintenant ou jamais.

Certes faire en sorte qu’un groupe d’élèves de 14 ans hyper connectés se déconnectent de leur téléphone pour reconnecter avec un tel environnement est un vrai défi. Mais tout au cours de ce voyage, les élèves se sont révélés. Ils ont pris gout à observer et à questionner ce qui les entoure, à mener leurs propres expériences scientifiques, à repousser leurs limites, et surtout à se serrer les coudes et à construire une vraie équipe.

La réalisation du chemin parcouru ne viendra qu’une fois de retour en France, digérer et méditer sur autant d’expériences et de connaissances prend du temps. Des jours, des mois, des années. Une chose est certaine, l’appel du Svalbard ne sera jamais oublié.

Merci à François, pour avoir eu l’inspiration, l’énergie et la patience requise pour ouvrir la voie à ces belles générations et bravo pour le prix du meilleur constructeur d’igloos du Svalbard. Claire Helene, merci d’avoir été la meilleure tentmate de tous les temps et surtout un pilier indispensable de cette aventure. Nicolas, un grand bravo pour avoir sauvé ta camera de la ruine certaine le 1er jour, et pour avoir arrosé cette aventure de bonne humeur en toutes circonstances.

Heidi SEVESTRE

The Arctic Star

Dream Assistant

Bear's Brother

Arctic Star

5 thoughts on “15 avril”

  1. « Ma dernière réflexion pose la question de savoir quelle est la réelle portée de ce voyage au Svalbard avec les élèves, est-ce cette année encore un investissement judicieux ? »
    Un voyage au Svalbard pour constater le changement climatique est forcement utile , vous l’avez bien vu , il a même changé la plupart d’entre nous pour l’éternité , ce voyage est et sera déterminant pour que nous fassions de grand choix dans notre vie . Votre initiative, je l’affirme sans aucun doute est surement une des plus importante que je connaisse et qui ai été faite . Il nous permettra, maintenant, de communiquer sur cette merveilleuse aventure.
    En espérant que cette réponse vous a conforté dans vos attentes .
    Merci encore

  2. Oui ! Demain c est eux ! Sacré fardeau qu on leur laisse ! Il y a tant à faire, tant à dire, tant à partager… Un monde géré par l Économie, les médias, le pouvoir, qui en dorment blessent et parfois tuent… Continuons à éveiller les consciences d où nous nous trouvons !! Vivent les colibris ! Pour faire notre part dans des élans d humanités…

  3. Bonjour à tous, je sais que lorsque j’écris ce message vous êtes déjà rentrés.
    Merci pour cette aventure partagée qui nous permet, tout en restant au chaud dans nos charentaises, de partir en un pays aussi magnifique.
    Magnifique parce qu’encore peu exploité pas nos « frères » humains, même si l’impact est grandissant. Malheureusement qui dit exploitation humaine dit aussi destruction, comme si c’était la seule méthode !
    Je comprends l’amertume ressenti par François dans son dernier message. L’éducateur sème des petites graines. Aux jeunes élèves de les arroser ou pas et d’en faire ce qu’ils en voudront. « Les professeurs ouvrent la porte, et l’élève doit entrer par lui-même ».
    Une fois de plus le travail est fait et excellemment bien fait. Alors encore merci à François et Claire-Hélène pour votre investissement dans l’intérêt non pas de l’humanité mais de la Terre toute entière.
    Et vous la jeunesse, n’oubliez jamais ce que vous avez vu, ressenti, vécu. Vous venez de recevoir un magnifique cadeau, j’espère que vous saurez le partager avec nous tous.
    Enlevez vos doudounes, aujourd’hui il fait 20 degrés !

  4. Est-ce dés aujourd’hui que l’on peut mesurer ce qui a été semé dans les consciences de ceux qui ont eu la grande chance de profiter du voyage et de tous ceux qui ont suivi de plus loin (par le blog et les échanges), parents, famille, amis, sympathisants… L’originalité et l’engagement d’un tel projet ne laisse pas indifférent et autour de ns, il permet le questionnement et la prise de conscience. Nos enfants n’ont pas vécu l’aventure comme des touristes, soyez-en sûr Mr Bernard ! Malgré leur jeunesse (14ans !) et les écrans envahissants -je suis bien d’accord avec vous- ils reviennent un peu plus matures, curieux, solidaires et liés ! Et très concernés ! Alors encore merci !!!

  5. Cela fait 14 jours que nos enfants sont rentrés de la merveilleuse aventure environnementale et humaine que vous leur avez offerte M. Bernard et Mme Bon. Il est évident qu’il y a un avant et un après Svalbard ! Notre fille fait encore référence à son aventure, son vécu, sa perception, aux rencontres et bien-sûr à l’expédition… de très nombreuses fois chaque jour ! La rencontre et les échanges passionnés avec Heïdi Sevestre resteront à jamais gravés dans leurs mémoires. Nos enfants restent des ados avec leurs qualités et leurs défauts ; mais sachez qu’ils reviennent différents de cette aventure : grandis, responsables, soucieux et concernés par le monde dans lequel nous vivons… et n’oublions pas que « Demain c’est eux » !

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